Avec 36 % du total des exportations, le secteur de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie est le champion incontesté des exportations belges. Malgré la crise du coronavirus et son impact sur le commerce international, le secteur est plus que jamais le pilier de l’économie belge, qui est fortement orientée vers l’exportation. Cependant, la crise de la Covid-19 a rebattu les cartes du commerce mondial. Quels défis et quelles opportunités cela représente-t-il pour l’industrie chimique et des sciences de la vie en Belgique ? Et quelle stratégie commerciale permettrait au secteur de créer une croissance durable et davantage de prospérité ?
En 2020, l’industrie de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie en Belgique a enregistré 131 milliards d’euros d’exportations. Malgré un statu quo des exportations (+0,1%) au cours d’une année marquée par la crise du coronavirus et la perturbation du commerce mondial, le secteur a consolidé sa position de champion des exportations avec 36% du total des exportations belges. La croissance est surtout le fait de l’industrie pharmaceutique.
« En dépit du statu quo en 2020, le secteur de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie a connu une forte croissance de ses exportations ces dernières années. Les exportations du secteur ont ainsi augmenté de pratiquement un quart au cours de la dernière décennie », explique Barbara Veranneman, Director International Affairs chez essenscia.
Pilier de la balance commerciale belge
Pour ce qui est de la balance commerciale, le secteur a également fait preuve d’agilité et de résilience. Le secteur exporte beaucoup plus qu’il n’importe ; la balance commerciale positive du secteur de la chimie et des sciences de la vie a ainsi augmenté en 2020 pour atteindre près de 27 milliards d’euros. Cela représente 6 milliards d’euros de plus que le total de la balance commerciale belge. L’industrie chimique, des matières plastiques et des sciences de la vie est donc le principal contributeur à l’excédent commercial et à la prospérité de la Belgique.
La part des exportations en dehors de l’UE augmente
L’année dernière, deux tiers des exportations de produits chimiques, plastiques et pharmaceutiques étaient destinées à sept pays, l’Allemagne figurant en première place. Fait marquant : les exportations au sein de l’Union européenne ont diminué, alors que les exportations vers les pays hors de l’UE ont augmenté, les États-Unis et la Chine arrivant en tête. Les exportations vers ces pays ont augmenté respectivement de 19 % et de 29 % en 2020. Les relations commerciales du secteur sont donc de plus en plus internationales. De plus, parmi les pays de l’UE, la Belgique se classe troisième en termes d’exportations de produits chimiques, plastiques et pharmaceutiques.
Le Brexit fait des dégâts
Cependant, le Brexit reste un coup dur pour l’industrie chimique et pharmaceutique. Depuis le référendum sur le Brexit en 2016, le commerce avec le Royaume-Uni a chuté de 26 %. Grâce à l’accord commercial conclu in extremis entre l’UE et le Royaume-Uni, nous avons évité le pire scénario d’un Brexit ‘no-deal’ qui aurait entrainé des taxes à l’importation. Le préjudice économique subi par le secteur est néanmoins considérable.
Les accords commerciaux internationaux sont la solution pour davantage de prospérité
Plus que jamais, le Brexit a démontré l’importance du principe de libre-échange pour un secteur orienté vers les exportations comme la chimie et les sciences de la vie. En effet, 80 % de la produ
ction du secteur en Belgique est destiné à l’exportation. Il est essentiel pour la prospérité de la Belgique et pour la compétitivité des entreprises qui y sont implantées de mener une politique commerciale européenne ambitieuse et équilibrée, notamment en concluant des accords commerciaux et des traités d’investissement.
« Il est donc important d’engager rapidement la procédure de ratification de l’accord commercial avec les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) au niveau européen. Cet accord permettra de supprimer les droits de douane sur plus de 90 % des exportations de produits chimiques et pharmaceutiques en provenance d’Europe. Actuellement, des droits d’importation sont imposés, atteignant jusqu’à 14 % sur les produits pharmaceutiques et 18 % sur les produits chimiques. Cet accord commercial pourrait avoir un effet positif sur les exportations du secteur, ces dernières créant de la prospérité. Le secteur représente en effet déjà 53 % des exportations belges vers cette région », explique Barbara Veranneman.
« L’expérience de l’accord commercial entre l’UE et le Canada, qui est entré en vigueur provisoirement en septembre 2017, démontre que les accords commerciaux équitables ont des effets positifs sur notre économie. En témoigne notamment la forte augmentation des exportations belges vers le Canada, et en particulier des exportations de produits chimiques, plastiques et pharmaceutiques. Par exemple, les exportations du secteur vers le Canada ont augmenté de pratiquement 60 % entre 2016 et 2019. La légère baisse des exportations en 2020 est très probablement due à l’impact de la pandémie de coronavirus. »
Une économie mondiale à deux vitesses
Malgré les signes de reprise économique, les effets de la crise du coronavirus sur l’économie mondiale et des perturbations de logistique internationale se feront encore sentir pendant longtemps. « L’offre et la demande sont complètement déséquilibrées en ce moment. D’une part, il y a une demande accrue de la part de l’économie asiatique qui rebondit. D’autre part, il y a des pays qui sont confrontés à des vagues de contaminations de coronavirus et qui doivent faire face à divers problèmes de production », détaille Barbara Veranneman.
« À cela s’ajoutent d’importants problèmes de transport dus à une pénurie de conteneurs maritimes, de palettes et de matériaux d’emballage. Ce cocktail entraîne des retards problématiques dans les chaînes d’approvisionnement internationales, une pénurie de matières premières essentielles et de fortes hausses de prix. »
La stratégie commerciale européenne est un facteur clé de la compétitivité
C’est dans ce contexte économique que l’Union européenne a dévoilé sa nouvelle stratégie commerciale au début de l’année. Avec cette révision, l’UE préconise « une politique commerciale ouverte, durable et volontariste » pour renforcer la résilience et la compétitivité des entreprises européennes.
L’Union européenne souhaite ainsi s’assurer que les partenaires commerciaux respectent les règles applicables au niveau international ou les accords contenus au sein d’un accord commercial bilatéral. Parallèlement, l’UE a mis en place des initiatives permettant aux entreprises d’utiliser elles-mêmes ces accords commerciaux de manière plus efficace, comme le portail Access2Markets. Cet outil fournit des informations sur les accords commerciaux et aide les entreprises à explorer les marchés internationaux.
Les ambitions du Green Deal sont également au cœur de la politique commerciale européenne. « Il s’agit d’une évolution positive mais cela ne doit pas conduire à un protectionnisme excessif. En raison de l’évolution du contexte géopolitique, du défi climatique et de l’impact de la crise du coronavirus, des tendances au protectionnisme émergent de plus en plus dans le monde. Cependant, pour un secteur comme celui de la chimie et des sciences de la vie, qui réalise 40 % de ses exportations en dehors de l’UE, il est important que la politique commerciale européenne permette la libre circulation des marchandises en toutes circonstances, même en temps de crise. L’histoire nous a appris qu’il s’agit d’une condition nécessaire pour pouvoir garantir les chaînes d’approvisionnement et de production et permettre aux patients du monde entier d’avoir accès à leur médicament ou à leur vaccin », conclut Barbara Veranneman.