Presque tous les modèles climatiques prévoient des périodes de sécheresse prolongées, combinées à des intervalles de précipitations plus intenses. Le réseau hydrographique flamand est donc soumis à une pression considérable. « Dans un avenir proche, par exemple, la Flandre risque de connaître une pénurie de 2 m3 par seconde en eau provenant de la Meuse pour pouvoir répondre à la demande », explique Steven De Schrijver, chief operating officer chez water-link, la compagnie anversoise des eaux.
« La solution la plus facile consisterait à stocker davantage d’eau », dit encore Steven De Schrijver. « Mais la densité des zones bâties en Flandre complique la construction de bassins de retenue supplémentaires. Le dessalement peut aider, mais il s’agit d’un processus énergivore. La réutilisation directe des eaux grises et des eaux usées offre un potentiel encore inexploité. Raison pour laquelle, chez water-link, nous travaillons actuellement à l’acquisition de connaissances sur une solution novatrice pour la réutilisation centralisée et circulaire de l’eau. Nous collaborons à cette fin avec la société technologique française Nereus, à l’initiative de Colruyt Group et avec le soutien de l’Europe. »
Des flux d’eaux usées à l’eau pure
En quoi consiste la méthode ? Steven De Schrijver : « Une installation récupère les eaux usées d’un immeuble d’habitation ou d’un site industriel, par exemple, et les chauffe pour favoriser la nanofiltration. L’eau passe à travers des membranes céramiques rotatives, ce qui permet d’arrêter les grosses molécules, comme le savon et les graisses. Ensuite, l’eau est maintenue à une température d’environ 65°C pendant un certain temps afin de tuer les bactéries restantes. Enfin, après refroidissement, elle est dessalée. »
Aujourd’hui, deux de ces installations fonctionnent déjà avec succès à Anvers, l’une dans un restaurant et l’autre dans un projet résidentiel. Steven De Schrijver : « Lorsqu’il s’est avéré que la qualité de l’eau obtenue n’était pas optimale, nous avons ajouté un traitement à l’ozone afin de décomposer rapidement et efficacement les molécules organiques. Le résultat ? Trois heures après qu’elle ait été utilisée pour prendre un bain, par exemple, l’eau épurée se retrouve dans les canalisations de distribution sous forme d’eau potable. »
“En plus de l’eau pure, nous voulons aussi récupérer à terme les nutriments présents dans les flux de déchets pour produire du biogaz, par exemple. La réutilisation de l’eau devient ainsi un processus entièrement circulaire.”
Steven De Schrijver, chief operating officer chez water-link
La boucle est bouclée
« L’objectif est d’étendre ce projet novateur, à partir de 2020, à l’industrie, au secteur de la chimie, aux développeurs de projets, aux entreprises alimentaires, etc. », explique Steven De Schrijver. « Cette technologie peut être utilisée de manière extrêmement rentable pour des applications industrielles, notamment parce qu’elle utilise des membranes céramiques et un système d’échange thermique. Elle requiert beaucoup moins d’énergie et de pression d’eau que les systèmes UF et RO existants. »
« En plus de l’eau pure, nous voulons aussi récupérer à terme les nutriments présents dans les flux de déchets pour produire du biogaz, par exemple. La réutilisation de l’eau devient ainsi un processus entièrement circulaire. Nous satisfaisons déjà aux exigences en matière de qualité. Dès que le traitement à l’ozone sera au point également, il sera temps de voir avec la VMM, l’Agence flamande pour l’Environnement, si ce type de projets de réutilisation est une solution d’avenir pour la Flandre. À suivre donc ! »