Lundi prochain, de nombreux collaborateurs de notre industrie manufacturière n’iront pas travailler et se rendront à Bruxelles pour participer à une manifestation nationale. Ils s’inquiètent pour l’avenir de leurs emplois et de leurs entreprises et réclament une politique industrielle forte. Ce faisant, ils posent la bonne question: comment renforcer la compétitivité de notre industrie et maintenir des emplois de qualité en Belgique ? Mais, une grève ne nous semble pas être la réponse adéquate. Dans un contexte plus que difficile sur le plan économique, il est tout-à-fait compréhensible de taper du poing sur la table. Mais serrons-nous plutôt les coudes. Dans une lettre ouverte co-signée avec d’autres fédérations industrielles, essenscia appelle les syndicats à unir les forces et à travailler de concert sur un objectif commun : une politique industrielle ambitieuse.
Il ne vous aura pas échappé que notre secteur traverse une période de turbulence. Il ne se passe pas une semaine sans que vous ne lisiez un nouvel article dans les journaux sur la récession en Allemagne – un marché crucial pour nous – , sur des faillites et restructurations d’entreprises de toutes tailles ou des figures de proue industrielles belges et européennes qui se trouvent en grande difficulté. Les sonnettes d’alarme sont tirées les unes après les autres.
Rapport Draghi
Le tant attendu rapport de Mario Draghi publié ce lundi, met en évidence le déclin progressif de notre compétitivité. Il a même qualifié les défis auxquels est confronté l’ensemble de l’économie européenne d’« existentiels ». Le message est clair : il faut agir de toute urgence et mener une politique industrielle efficace.
Pour traverser la tempête que nous connaissons actuellement, tout le monde doit être sur le pont. Ce n’est pas le moment de mener des actions contre, mais bien pour nos entreprises. Causer des dizaines de millions d’euros de dommages économiques avec une grève et une journée d’action, c’est se tirer une balle dans le pied. La manifestation nationale annoncée envoie un signal négatif, notamment aux investisseurs internationaux, au moment même où nous avons besoin de donner un signal positif.
Des préoccupations communes
Mais une journée de grève nationale nous semble être une mauvaise réponse à la bonne question: « Comment faire en sorte que nos entreprises manufacturières puissent rester compétitives au niveau international, et si possible exceller ? Comment renforcer la compétitivité de nos entreprises afin de conserver des emplois de qualité – et donc le pouvoir d’achat – chez nous ?
Ce dont notre industrie et nos entreprises ont besoin de toute urgence, c’est tout le contraire: de la stabilité, de l’unité et un cadre politique et juridique fort qui renforce notre compétitivité, assure la croissance et contribue à pérenniser nos entreprises. Car ne vous méprenez pas: le but de cette lettre ouverte n’est pas de railler les syndicats ou ceux qui ont peur de perdre leur travail, bien au contraire. Ils ont des préoccupations légitimes au sujet de nos emplois, de notre bien-être et de notre prospérité, que nous partageons pleinement.
Se serrer les coudes
Il s’agit d’un appel à la collaboration pour former un front fort employeurs/travailleurs. Tout comme nos décideurs politiques et nos pouvoirs publics, les syndicats ont un rôle positif et constructif à jouer pour relever tous ces défis. Nous espérons que tout le monde comprend à quel point la situation est importante et urgente. Et que nous pourrons bientôt compter sur des gouvernements et des accords de gouvernement qui veilleront à renforcer la compétitivité de notre industrie. Nous sommes convaincus que la politique industrielle occupera la place qu’elle mérite dans la liste des priorités : tout en haut.
Travaillons ensemble pour trouver des solutions et des moyens de sortir de cette période difficile. Il est compréhensible de taper du poing sur la table, mais nous devons avant tout nous serrer les coudes. Un dialogue social orienté solutions peut contribuer à attirer de nouveaux investissements, à préparer au mieux les travailleurs aux transitions technologiques, à résister à la concurrence internationale féroce. Et surtout, faisons-le dans le dialogue et avec toute la sérénité dont nous avons absolument besoin pour le faire efficacement.
Bart Steukers, CEO Agoria | Yves Verschueren, administrateur délégué essenscia | Karla Basselier, CEO Fedustria | Bart Buysse, CEO Fevia | Thomas Davreux, Managing Director Indufed