Malgré une baisse significative du chiffre d’affaires et un statu quo des exportations, le secteur de la chimie et pharma belge a créé près de 1 500 nouveaux emplois l’année dernière. Les entreprises du secteur ont également investi des sommes record en recherche et développement ainsi que dans le renouvellement et l’amélioration de la durabilité de leurs infrastructures de production. C’est ce que révèlent les chiffres clés économiques 2020 de la fédération sectorielle essenscia. Avec 36 % des exportations et 95 500 emplois, le secteur de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie est plus que jamais le pilier de l’économie et de la prospérité en Belgique. Grâce aux vaccins contre le coronavirus et les nombreux équipements de protection, le secteur joue un rôle crucial dans la maîtrise de la pandémie mondiale.
Le secteur belge de la chimie, des matières plastiques et de la pharmacie n’a pas non plus été épargné par l’impact économique de la crise du coronavirus. Le chiffre d’affaires a chuté de 6,3% l’année dernière, et a atteint son plus bas niveau depuis 2012, ce qui équivaut à une perte quotidienne de chiffre d’affaires de 11 millions d’euros. Un déclin qui s’est manifesté tous les trimestres de 2020. L’impact a été le plus important pour la chimie, mais tous les sous-secteurs ont affiché des résultats en rouge pour l’année.
En dépit du quasi statu quo des exportations (+0,1%), le secteur de la chimie et des sciences de la vie renforce néanmoins sa position de champion de l’exportation avec 36% du total des exportations belges. La croissance est surtout le fait de l’industrie pharmaceutique. Il est à noter que les exportations au sein de l’Union européenne ont diminué, tandis que les exportations vers les pays hors de l’UE ont augmenté, avec en tête les États-Unis et la Chine. Le Brexit reste quant à lui un choc économique. Depuis le référendum sur le Brexit il y a cinq ans, le commerce avec le Royaume-Uni a diminué de 26 %.
Moins de chiffre d’affaires, plus d’emplois
Malgré le contexte économique difficile, les entreprises du secteur pharmaceutique et chimique ont créé 1 436 nouveaux emplois au cours de l’année 2020. Une augmentation conséquente pour la septième année consécutive, avec un total de 7 308 jobs supplémentaires. Avec 95 506 emplois, le secteur est à son plus haut niveau depuis près de 20 ans. L’industrie chimique en représente près de la moitié, le secteur pharmaceutique et biotechnologique, quant à lui, engendre la croissance la plus conséquente.
Grâce à cette augmentation, l’industrie de la chimie et des sciences de la vie représente désormais 20 % de l’ensemble des emplois dans l’industrie. De même, le secteur a relativement peu eu recours au chômage temporaire l’année dernière. De tous les secteurs industriels, avec 5 milliards d’euros consacrés à la sécurité sociale et les impôts sur les personnes physiques et les entreprises, il est, de loin le plus grand contributeur aux finances publiques. À titre de comparaison, ce montant représente bien plus que les 4 milliards d’euros supplémentaires consacrés au chômage temporaire dû au coronavirus.
Investir dans l’avenir
Pour le secteur de la chimie et des sciences de la vie, 2020 a également été une année charnière avec des montants records d’investissements porteurs d’avenir en matière d’innovation et de capacité de production, un signe de confiance dans l’ancrage à long terme du secteur dans notre pays. Les investissements dans la recherche et le développement ont connu une augmentation spectaculaire de plus de 20 %, pour atteindre 5,6 milliards d’euros, principalement grâce aux vaccins contre le coronavirus, au développement de nouveaux médicaments et à la recherche pionnière dans le domaine biotechnologique. En dix ans, les dépenses consacrées à l’innovation dans le secteur ont plus que doublé. L’année dernière a également compté un nombre record de près de 1 000 demandes de brevets pour des innovations en chimie et biotechnologie, ce qui équivaut à 40% du total belge.
La vague d’investissements dans la modernisation des infrastructures de production s’est poursuivie également l’année dernière, avec une augmentation de 10% atteignant 2,4 milliards d’euros. Il s’agit aussi d’un record. Ce sont principalement les industries chimiques (+16%) et pharmaceutiques (+6%) qui ont recours à des nouvelles technologies pour rendre leurs processus de production plus efficaces et durables. Au cours de la dernière décennie, les entreprises du secteur ont déjà investi plus de 20 milliards d’euros dans l’expansion et le renouvellement de leur capacité de production en Belgique.
Des défis du Brexit & du coronavirus à ceux du Green Deal
Le premier trimestre de cette année montre les signes d’une timide reprise économique qui reste cependant fragile et la confiance des entreprises est particulièrement incertaine. De plus, un défi de taille nous attend déjà : celui du Green Deal européen.
Cependant, des projets d’investissement prometteurs en matière de réduction drastique des émissions de CO2, des techniques révolutionnaires de recyclage des plastiques et des innovations énergétiques en matière d’hydrogène et de chaleur verte démontrent que le secteur est déjà en pleine transition. Il a surtout besoin d’une politique qui soutienne pleinement cette transformation industrielle radicale. Et ce, en termes d’infrastructures, de soutien à l’innovation, de compétitivité internationale et d’approvisionnement énergétique durable.
« Le secteur de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie ne restera pas longtemps sur le carreau et démontre clairement qu’une industrie forte est nécessaire pour assurer la transition vers un avenir durable et sain. »
Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia
Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia : « Même au cours d’une année difficile marquée par le coronavirus, le secteur de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie a continué à investir et à créer des emplois. Le secteur ne restera pas longtemps sur le carreau et démontre clairement qu’une industrie forte est nécessaire pour assurer la transition vers un avenir durable et sain. Nous comptons sur un plan de relance belge qui soutienne largement les projets pilotes pour le captage et le stockage du CO2 et le recyclage chimique des matières plastiques, deux technologies cruciales dans la poursuite de la neutralité climatique. Notre demande est claire : continuer à travailler à un climat d’investissement attractif et garantir le libre-échange international sans restriction à l’exportation. »
« Nous comptons sur le gouvernement pour donner toutes ses chances à l’industrie du pays, en apportant un soutien maximal à l’innovation et en encourageant les talents STEM dans l’enseignement afin qu’ils soient plus nombreux. »
Hans Casier, président d’essenscia
Hans Casier, président d’essenscia : « La valeur ajoutée sociétale du secteur chimique et pharmaceutique n’a jamais été aussi évidente. De nombreux vaccins contre le coronavirus sont développés et fabriqués en Belgique. Des matériaux plastiques innovants sont essentiels pour une mobilité durable et une performance énergétique dans l’habitat. Les produits chimiques assurent un approvisionnement alimentaire sûr et une meilleure qualité de vie. Nous sommes l’industrie de l’hydrogène et nous avons les connaissances nécessaires pour transformer une molécule comme le CO2 en une matière première précieuse. Nous comptons donc sur le gouvernement pour donner toutes ses chances à l’industrie du pays, en apportant un soutien maximal à l’innovation et en encourageant les talents STEM dans l’enseignement afin qu’ils soient plus nombreux. »
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