La directive européenne sur les plastiques à usage unique (Single Use Plastics) a été officiellement publiée hier. Les autorités fédérales et régionales doivent se coordonner au maximum afin que la Belgique puisse appliquer cette législation de manière harmonisée. essenscia PolyMatters, la fédération des producteurs de polymères et des transformateurs de matières plastiques, demande cette coordination. La fédération soutient l’ambition d’éviter que les déchets, quelle que soit leur origine, se retrouvent dans l’environnement et dans les océans. Cependant, la nouvelle directive contient des incertitudes juridiques qui permettent une interprétation très large et qui posent le risque d’un manque d’uniformité à l’échelle européenne ou régionale.
Par la directive SUP, l’Europe souhaite limiter l’impact environnemental de certaines matières plastiques et surtout éviter que des déchets plastiques se retrouvent dans les océans. Un objectif que soutient entièrement l’industrie des plastiques. La portée de cette nouvelle législation européenne est principalement symbolique ; l’Europe n’étant responsable que de 2% des déchets plastiques en mer. De plus, il existe un risque que les plastiques recyclables à 100% se voient interdits, tout comme certains produits fabriqués à partir de plastiques recyclés. Ceci irait à l’encontre des principes de l’économie circulaire qui repose sur la réutilisation et le recyclage des matériaux.
“Ce n’est pas en prohibant certains matériaux que la quantité de déchets diminuera automatiquement.”
Saskia Walraedt, directrice essenscia PolyMatters
Saskia Walraedt, directrice essenscia PolyMatters : « La directive européenne part d’une bonne intention mais le processus législatif extrêmement rapide risque de la rendre difficile à interpréter. Cette législation symbolique ne résoudra pas le problème de la « soupe de plastiques » dans les océans. La solution réside principalement dans des investissements dans la collecte et le recyclage des déchets en Asie et en Afrique. En raison d’un manque de définitions claires sur les matériaux visés, cette législation pourrait conduire à une interdiction arbitraire des plastiques. Ce n’est pas en prohibant certains matériaux que la quantité de déchets diminuera automatiquement. Pour y arriver, un changement des mentalités s’impose. Enfin cette législation sera inefficace car les matériaux de substitution pourraient être moins durables que les plastiques. Les États membres ou les régions risquent d’introduire des mesures différentes, ce qui rendrait difficile la mise en place d’une économie circulaire en Europe. »
Les États membres disposent maintenant d’une période de deux ans pour transposer la directive européenne. essenscia PolyMatters insiste pour que ce point soit abordé de manière harmonisée en Belgique afin d’éviter la création de barrières commerciales internes entre régions. La directive implique en effet des compétences fédérales (interdiction de produits ou de matériaux), interrégionales (mesures de prévention) et régionales (gestion des déchets). La fédération demande explicitement qu’aucun matériel d’emballage utile et à haute valeur ajoutée ne soit interdit en Belgique.
Les emballages en plastique présentent de nombreux avantages. Ils garantissent une meilleure conservation des aliments – jusqu’à quatre semaines pour la viande – ainsi qu’un stockage optimal des boissons pendant deux ans. Une diminution de l’utilisation d’emballages plastiques pourrait entrainer plus de gaspillage et moins de sécurité alimentaire. Cela risque en outre de réduire la rentabilité des initiatives de recyclage existantes. Les plastiques sont également des matériaux qui aident à réduire les émissions de CO2 dans toutes sortes d’applications et permettent d’économiser carburant, énergie et eau.
“L’industrie des plastiques travaille depuis longtemps sur la durabilité et pousse à renforcer la réutilisation et le recyclage en fermant la boucle de circularité.”
Saskia Walraedt, directrice essenscia PolyMatters
« La Belgique est un des leaders en Europe en matière de gestion des déchets et de recyclage. L’industrie des plastiques travaille depuis longtemps sur la durabilité et pousse à renforcer la réutilisation et le recyclage en fermant la boucle de circularité. Toutefois, ceci nécessite des investissements et un cadre juridique stable et clair à long terme. Il est donc regrettable que la nouvelle directive européenne crée principalement une incertitude juridique. » conclut Saskia Walraedt.