Les annonces successives faisant craindre une hausse des coûts de transmission de l’électricité en Belgique soulèvent de vives inquiétudes au sein du monde économique et industriel wallon. Le doublement des tarifs de transport d’électricité ainsi que l’augmentation des coûts liée à l’île Princesse Elisabeth en mer du Nord illustrent l’alourdissement des charges énergétiques. Les entreprises, petites et grandes, attendent des pouvoirs publics une action rapide et coordonnée pour maintenir un prix de l’énergie compétitif.
À partir du 1er janvier 2025, les tarifs de transmission de l’électricité seront doublés. L’électricité du réseau coûtera environ 6€ par MWh de plus. Cela se traduira, pour les plus gros consommateurs, par des millions d’euros de coûts annuels supplémentaires.
Il y a quelques jours, nous apprenions par ailleurs que la facture finale de l’île énergétique en construction au large de la côte belge pourrait être beaucoup plus lourde que prévue : d’une estimation initiale de 2,2 milliards d’euros, on parle désormais d’un coût total pouvant atteindre au minimum les 7 milliards d’euros.
Dans le schéma actuel, ces coûts supplémentaires impacteront directement la compétitivité des industriels wallons. En effet, pour de nombreuses entreprises wallonnes, qu’elles soient grandes ou petites, le coût énergétique représente une part significative des coûts d’exploitation. Il reste néanmoins impératif que le développement et le renforcement du réseau électrique soient dimensionnés pour répondre non seulement aux besoins actuels des entreprises, mais aussi à leurs consommations futures, intégrant les trajectoires de décarbonation. Ainsi, une objectivation précise des besoins énergétiques est essentielle afin d’identifier et de quantifier précisément les investissements nécessaires dans les infrastructures de réseaux.
Par ailleurs, comme l’a rappelé le récent rapport Draghi, l’industrie européenne fait aujourd’hui face à une électricité deux à trois fois plus chère qu’aux USA et en Chine. Les conclusions de ce rapport sont claires : les coûts énergétiques élevés en Europe menacent de creuser l’écart avec d’autres régions du monde. Il est de notre responsabilité collective d’agir rapidement pour éviter cette fracture économique et sociale.
En outre, les coûts de l’électricité sont également plus élevés en Wallonie que dans les pays voisins, comme en témoignent les différentes études menées notamment par Febeliec depuis de nombreuses années. Ces études mettent en lumière, entre autres, les réductions sur les tarifs des réseaux de transport dont bénéficient les entreprises en France et en Allemagne. Au vu de ces déséquilibres, il sera essentiel d’assurer des réductions sur les tarifs des réseaux de transport équivalentes à celles bénéficiant aux entreprises à forte intensité énergétique en France et en Allemagne.
Le monde économique et industriel wallon soutient le développement du réseau de transport d’électricité, qui tend à donner accès à de l’électricité compétitive et décarbonée et à répondant aux besoins croissants d’électricité, mais est préoccupé par les augmentations de tarifs que ces développements induisent. Il en appelle donc à une mobilisation de l’ensemble des niveaux de pouvoir. Nous attendons du gouvernement fédéral et du gouvernement wallon que chacun active ses leviers pour une mise en œuvre coordonnée de la norme énergétique qui doit permettre de garantir un coût de l’énergie comparable à celui pratiqué dans les pays voisins.
En particulier, nous attendons du Gouvernement wallon qu’il assure la mise en œuvre effective et rapide des intentions formulées dans la Déclaration de Politique Régionale :
- Le Gouvernement […] veillera à maintenir un prix [de l’énergie] abordable pour les entreprises;
- La compétitivité énergétique des entreprises wallonnes devra être améliorée en prenant en compte les pays voisins et les concurrents directs.
- […] les modalités d’une extension de la norme énergétique fédérale concernant les composantes régionales de la facture seront analysées et si possible mises en œuvre.
Simultanément, nous appelons le Gouvernement fédéral à concrétiser l’application effective de la norme énergétique fédérale.
Enfin, nous attendons des pouvoirs publics fédéraux et régionaux qu’ils établissent un plan à long terme pour assurer l’accès de nos entreprises à des sources d’énergie bas carbone fiables, prévisibles et à un prix compétitif. Afin de réussir la transition vers une économie décarbonée, il est essentiel que le vecteur d’énergie électrique soit économiquement compétitif, condition préalable de son adoption massive dans les secteurs en cours d’électrification. Ce principe est l’un des piliers d’une politique industrielle moderne, ambitieuse, capable de créer des emplois de qualité et de faire face aux défis sociétaux d’aujourd’hui et de demain.
Cette carte blanche est signée par 17 organisations sectorielles: AKT, FEB, Essenscia, Indufed, Fedustria, Fédération Belge de la Brique, Febetra, Fevia, Denuo, FBAA, Federgon, Fediex, Agoria, Embuild, Fermabel, GSV – Groupement de la Sidérurgie, Febelcem.