essenscia PolyMatters et Agoria ont cherché – et trouvé – la réponse à la question
En 2018, le secteur belge du plastique a réalisé un chiffre d’affaires de 14,2 milliards d’euros, avec 30.000 travailleurs. Des chiffres certes impressionnants, mais où en est exactement le secteur ? A l’occasion du deuxième Belgian Plastics Day, les fédérations sectorielles essenscia et Agoria publient conjointement une étude sur la circularité du secteur belge du plastique. Il en ressort notamment que notre pays a fait un grand pas en avant dans le domaine du recyclage du plastique, mais aussi que le chemin à parcourir reste encore long. Saskia Walraedt, directrice d’essenscia PolyMatters, nous en dit plus sur la question.
« essenscia PolyMatters – la division plastiques d’essenscia, la fédération industrielle de la chimie et des sciences de la vie – et la fédération technologique Agoria entretiennent toutes deux des liens étroits avec le secteur du plastique. Raison pour laquelle nous soutenons le Belgian Plastics Day et cette étude sur la circularité. L’objectif étant de rassembler les différents acteurs de l’industrie, de mettre en évidence la grande diversité du secteur, d’examiner à la loupe les tendances du marché et de faire comprendre comment les plastiques ont effectivement leur place dans une économie circulaire et durable. »
Entre 2 et 50 ans
Telle est la durée de vie moyenne de plus de la moitié de tous les produits en plastique.
Une tâche qui n’est pas évidente, car le plastique est classiquement associé aux objets jetables et à la soupe de plastique. Comment faites-vous face à cette opinion publique ?
« Il ne faut pas se voiler la face : il existe en effet de nombreux “single use products” (SUP, produits à usage unique), notamment parmi les emballages. Mais ces SUP ne représentent qu’une part de ce que produit toute l’industrie du plastique. Les plastiques font partie intégrante de notre vie quotidienne. Songeons aux tuyaux, sols, fenêtres et portes en PVC, matériaux isolants, ordinateurs, smartphones, vêtements… Les plastiques sont omniprésents, ils apportent confort et sécurité et, du fait qu’ils permettent de produire des matériaux légers à caractère isolant, ils assurent une plus grande durabilité dans les secteurs du bâtiment et du transport.
Et même ces SUP sont utiles, par exemple pour l’emballage stérile du matériel médical dans les hôpitaux. C’est précisément dans cet environnement qu’il est capital que ces emballages ne soient utilisés qu’une seule fois. Tant que ces SUP sont collectés et recyclés après utilisation, cela ne devrait au fond pas poser problème. Mais c’est souvent là que le bât blesse. Ces matériaux précieux font encore l’objet de trop de négligences. Notre ambition avec des initiatives telles que le Belgian Plastics Day est de nuancer la réalité du plastique.
C’est pourquoi nous avons également réalisé ensemble une étude sur la circularité, spécifiquement destinée à l’industrie belge du plastique. Il s’agit d’une première : de telles études sont normalement menées au niveau européen, car les lois et réglementations concernant les plastiques sont applicables dans toute l’Union Européenne. Nous avons toutefois voulu en savoir plus sur les performances du secteur du plastique en Belgique en matière d’économie circulaire. Le but étant de présenter aux autorités une vision réaliste de la situation dans notre pays et de comparer nos efforts à la moyenne européenne. Verdict ? On voit que la Belgique fait de manière générale partie de la meilleure moitié de la classe. »
Quelles sont les conclusions les plus frappantes de cette étude ?
« La conclusion de loin la plus importante est que, même si l’on est sur la bonne voie, on recycle encore trop peu. En Belgique, 34 % des déchets plastiques des consommateurs ont été recyclés en 2018. Cela peut sembler peu, mais cela correspond à une augmentation de 54 % par rapport à 2006. Autre point à noter : plus de la moitié de tous les produits en plastique ont une longue durée de vie (entre 2 et 50 ans). Ils peuvent de ce fait aussi être recyclés ultérieurement. Les déchets plastiques non recyclables sont incinérés. L’énergie libérée durant le processus est récupérée. »
Ces matériaux recyclés sont-ils aussi pleinement exploités ?
« Une chose est certaine : nous devons utiliser davantage les recyclats comme matière première. À l’heure actuelle, les matières recyclées ne représentent que 6 % de la consommation totale de matières premières utilisées pour fabriquer de nouveaux produits en plastique.
Ce pourcentage doit être augmenté. Comment ? En organisant mieux la collecte, par exemple. À cette fin, un nouveau sac bleu est actuellement systématiquement introduit dans différentes communes belges en vue de permettre la collecte de tous les types de déchets d’emballages plastiques dans le sac PMC. Il s’agit là d’une mesure importante, car plus notre collecte est sélective, plus nous pouvons recycler.
Nous devons également investir davantage dans une capacité de recyclage supplémentaire et poursuivre le développement d’innovations telles que le recyclage chimique. Il s’agit de transformer des polymères, généralement par chauffage, en monomères. Ceux-ci peuvent être utilisés pour produire de nouveaux polymères ou d’autres hydrocarbures, qui servent ensuite de nouvelle matière première pour l’ensemble du secteur chimique. On obtient ainsi une alternative aux combustibles fossiles existants.
Enfin, nous pouvons aussi augmenter le taux de recyclage en supprimant certaines restrictions légales et normatives, notamment dans l’industrie alimentaire. Nous devons évoluer vers un système dans lequel il est permis d’utiliser les recyclats dans de nouvelles applications dès qu’ils répondent à tous les critères objectifs de sécurité. »
54%
La Belgique recycle actuellement 54 % de déchets plastiques de plus qu’en 2006.
Quelles sont les initiatives innovantes en matière de plastiques et de recyclage en Belgique ?
« Tout d’abord, l’industrie belge du plastique prend les choses en main et se concentre de plus en plus sur le développement durable et l’économie circulaire. Citons, par exemple, l’entreprise Deceuninck qui utilise du PVC recyclé dans ses portes et fenêtres, ou encore JBF, qui recycle chimiquement les emballages PET.
Catalisti, initiative conjointe et cluster dit « fer de lance » de la chimie et des plastiques durables en Flandre, met également sur pied de nombreux projets d’innovation. Un exemple : le projet MATTER, dans le cadre duquel de grandes entreprises chimiques internationales comme Borealis collaborent avec des chercheurs de l’UGent, des transformateurs de déchets locaux et des entreprises de recyclage pour mettre au point des solutions durables de recyclage des plastiques. Il existe en Wallonie aussi de nombreuses initiatives en matière de valorisation des déchets plastiques. Greenwin est le principal moteur de l’innovation dans cette partie du pays.
En d’autres termes, le recyclage des plastiques est perfectible et la Belgique, comme l’Europe, s’attelle sérieusement à la tâche. »
Qu’est-ce que le Belgian Plastics Day ?
Le Belgian Plastics Day est une initiative d’Agoria et d’essenscia PolyMatters. L’événement se concentre sur les performances de l’industrie belge du plastique dans une économie circulaire, sur les dernières tendances du marché et sur le classement de notre pays en matière de recyclage.
La durabilité de l’industrie belge du plastique vous intéresse ? Téléchargez l’étude ici ou lisez-la ci-dessous.