Le prix du gaz multiplié par dix, le prix des droits d’émission de CO2 multiplié par quatre, le taux d’inflation le plus élevé depuis plus de 45 ans et une augmentation prévue des coûts salariaux de pratiquement 20 % en deux ans. La position concurrentielle de l’industrie belge, avec en tête les secteurs à forte intensité énergétique, est soumise à une dure pression. Et ce, sans parler des autres défis tels que la tension sur le marché du travail, la problématique de la sécheresse, le changement climatique, les chaînes logistiques perturbées ou les matières premières chères et rares.
La compétitivité internationale du secteur de la chimie et des sciences de la vie – le moteur économique de notre pays – subit un triple coup. Les entreprises européennes doivent payer le gaz jusqu’à dix fois plus cher que leurs concurrents aux États-Unis ou dans d’autres parties du monde. L’augmentation du prix du CO2, notamment due au fait que l’Europe retire systématiquement les droits d’émission du marché, provoque un handicap concurrentiel supplémentaire par rapport au marché mondial.
Effet domino
L’explosion des prix de l’énergie alimente également l’inflation. Par conséquent, les coûts salariaux en Belgique augmentent beaucoup plus rapidement que dans les pays voisins en raison de l’indexation automatique. En bref, un triple handicap en matière de coûts. Il est donc nécessaire de prendre des mesures de crise temporaires et d’interventions structurelles pour le marché de l’énergie et le système d’échange de quotas d’émission, et ce tant au niveau belge qu’européen. Sinon, de nombreuses autres entreprises risquent de devoir réduire, voire d’arrêter leur production, ce qui pourrait créer un dangereux effet domino ayant un impact conséquent et à long terme sur les chaînes de valeur industrielles du reste de l’économie.
Au mois de mars, soit il y a pratiquement six mois, essenscia avait déjà tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités. À l’époque, nous écrivions littéralement : « Une stratégie européenne commune est nécessaire de toute urgence pour conclure des accords clairs et solidaires avec des alliés tels que la Norvège concernant des approvisionnements énergétiques abordables. » Ou encore : « Au niveau européen, nous préconisons que l’Europe utilise l’excédent de droits d’émission de la Market Stability Reserve pour réduire le prix du CO2 pendant la crise énergétique. »
Une stratégie globale
Ces solutions et d’autres sont encore sur la table des négociations. essenscia demande une stratégie globale, comprenant des propositions concrètes à court et moyen terme visant à réduire les prix de l’énergie, à adapter les mécanismes du marché et à soutenir les entreprises en difficulté. Lors du Comité de concertation, les gouvernements fédéral et régionaux ont annoncé leur intention d’entamer un dialogue avec les secteurs concernés. Nous acceptons volontiers cette main tendue.
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