Les responsables politiques doivent d’urgence décider comment ils souhaitent préserver la compétitivité de l’industrie
La prolongation de deux centrales nucléaires jusqu’en 2035 et l’introduction d’une norme énergétique pour restaurer la compétitivité de l’industrie belge par rapport aux pays voisins constituent des conditions essentielles pour assurer la transition énergétique sans chocs systémiques problématiques ou explosion des coûts énergétiques, souligne essenscia, la fédération sectorielle de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie. Les chiffres de l’étude complémentaire du professeur Albrecht confirment une fois de plus qu’une sortie phasée du nucléaire offre une plus grande sécurité d’approvisionnement, un coût moindre et une réduction des émissions. Il appartient maintenant aux décideurs politiques de clarifier les choses, en particulier en ce qui concerne le financement du Pacte énergétique.
Quinze euros par an HTVA, c’est le montant qu’une famille moyenne devrait payer pour assurer la sortie du nucléaire à l’horizon 2025. Du moins, c’est le montant annoncé dans les médias. En réalité, le surcoût présumé ne porte que sur un aspect spécifique du coût total. Les subventions pour les énergies renouvelables, pour les véhicules électriques, les coûts du réseau, le financement du stockage de l’énergie sont toutes les autres mesures du Pacte énergétique qui doivent également être financées. D’après les analyses d’essenscia basées sur des études antérieures, le coût additionnel total pour une famille moyenne ne se limitera pas à 15 euros. Ce montant sera en réalité plus de 10 fois plus élevé qu’annoncé.
En dépit de cette nouvelle étude, il demeure donc des doutes importants quant au financement du Pacte énergétique. La question clé reste de savoir comment le pacte garantira la sécurité d’approvisionnement et assurera la compétitivité des entreprises. Ce qui représente 15 euros par an pour une famille signifie une facture de plusieurs centaines de milliers supplémentaires pour une entreprise intensive en énergie. Il est en plus à noter que les coûts de l’énergie pour l’industrie belge sont 10 à 40% supérieurs à ceux des pays voisins. Accroître ce désavantage concurrentiel tout en augmentant l’incertitude quant à la garantie d’approvisionnement énergétique est un pari irresponsable qui pourrait toucher des dizaines de milliers d’emplois.
Les propositions du Pacte énergétique posent en outre des questions cruciales. Est-il souhaitable et payable d’évoluer vers une situation où le mix énergétique serait subventionné à environ 90% ? Chaque jour, chacun paie pour le fiasco financier lié au déraillement des subventions du renouvelable. essenscia appelle tant les citoyens que les entreprises à prendre pleinement conscience du coût total du Pacte énergétique, qu’il s’agisse de la sortie du nucléaire, des batteries pour le stockage d’énergie, des véhicules électriques ou d’autres projets.
« Le coût global du Pacte énergétique demeure très incertain. Il serait irresponsable de prendre de telles décisions stratégiques avec un chèque en blanc et au final l’obligation de combler le fardeau de la dette par de nouvelles taxes. La transition énergétique a un coût. Par conséquent, un financement clair doit être établi par rapport aux ambitions du Pacte énergétique. Nous ne remettons pas en question le but ultime de la transition énergétique mais nous appelons les responsables politiques à faire preuve de réalisme sur le chemin de la transition énergétique.», declare Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia.
Els Brouwers, à la tête du département Energie, Climat et Economie chez essenscia, se réfère à nos pays voisins : « La France a reporté la fermeture de ses centrales nucléaires dans l’attente d’un approvisionnement énergétique alternatif et abordable qui peut à tout moment répondre aux besoins des citoyens et des entreprises tout en étant respectueux de l’environnement. Nous préconisons à cet égard une sortie plus phasée du nucléaire dans laquelle les deux centrales les plus modernes resteront actives après 2025. Cette approche offre plus de sécurité et de stabilité en termes d’approvisionnement à moindre coût et avec moins d’émissions. C’est la seule voie pour pouvoir effectuer une transition énergétique sans chocs systémiques problématiques ou coûts énergétiques explosifs. »