Jeunesse politique et experts s’accordent sur l’urgence d’une politique industrielle ambitieuse
Inviter des jeunes militants politiques pour débattre de l’avenir de l’industrie de la chimie et des sciences de la vie aux côtés d’experts du secteur : tel était le concept inédit de l’événement annuel organisé par essenscia wallonie à quelques encablures des prochaines élections. Un échange constructif rivalisant d’idées et de propositions pour répondre aux grands enjeux de l’industrie, qu’ils soient climatiques, énergétiques ou logistiques. Avec pour toile de fond le lancement d’un plan de transition détaillant les priorités du secteur, le débat s’est conclu sur une note unanime : pour conserver sa position de leadership mondial, notre pays a besoin d’un cadre politique clair qui stimule l’innovation, renforce la compétitivité et mise sur la formation de talents.
Peu coutumiers de l’exercice devant un tel auditoire, tous les représentants des sections jeunesse des différents partis politiques avaient répondu présents à l’appel d’essenscia avec un réel enthousiasme mêlé d’étonnement. Au rythme de quatre sujets majeurs – le climat, l’énergie, l’innovation et les talents -, Octave Daube (Comac – PTB), Laura Hidalgo (Jeunes MR), Ismaël Nuino (Génération Engagée), Julien Scharpé (Jeunes Socialistes), Mathilde Soumoy (écolo j) et Sébastien Willems (DéFI jeunes) ont adressé plusieurs messages forts, insistant notamment sur la nécessité de créer des ponts, dès le plus jeune âge, entre les mondes de l’enseignement et de l’industrie, mais aussi de disposer d’une vision politique long terme débarrassée des lourdeurs administratives freinant la compétitivité et mettant à mal les projets innovants.
Du côté du panel d’expertes – Cécile Neven (UWE, Union Wallonne des Entreprises), Sylvie Lemoine (Cefic, fédération européenne de l’industrie chimique) et Cristelle Noirhomme (GSK) –, on rappelle également l’urgence d’agir pour redéployer l’activité industrielle en Wallonie et en Belgique. « Il faut une action et un vrai partenariat des pouvoirs publics pour fluidifier les procédures, diminuer la charge administrative et nous épauler dans la recherche d’innovations technologiques capables de nous amener à plus de durabilité et à devenir des usines du futur. Tout est à réinventer et pour le faire, nous disposons d’écosystèmes très forts capables de confirmer notre leadership européen. Mais le timing est serré. Nous devons accélérer la production de nos innovations. »
Le coût élevé de l’énergie et des salaires, le climat d’investissements incertain et une féroce concurrence internationale sont venus bousculer le secteur de la chimie et des sciences de la vie, qui représente aujourd’hui près de 100 000 emplois et 35 % des exportations belges. Dans ce contexte économique et géostratégique particulièrement tendu, les entreprises doivent également prendre le train de transitions d’envergure, telles la durabilité, la digitalisation et l’économie circulaire, qui nécessitent à court terme des infrastructures adaptées, des solutions technologiques innovantes et les compétences qui vont de pair.
Frédéric Druck, directeur essenscia wallonie: « Nous ne devons jamais perdre de vue que durabilité et compétitivité sont indissociables. Les entreprises tournées vers l’exportation doivent être compétitives au niveau mondial afin de pouvoir innover et investir dans des produits et des processus de production durables. Au cours des prochaines années, les entreprises devront réaliser des investissements colossaux et risqués dans les nouvelles technologies. Nous demandons aux autorités de mettre en place une politique industrielle qui soutienne au maximum cette transition, tant sur le plan financier que réglementaire. En parallèle, nous devons également mieux utiliser les fonds européens, donner plus de poids au processus décisionnel européen et nous attaquer à l’incohérence de réglementation. »
Priorités du plan de transition
Pour répondre à ces défis, essenscia a élaboré un plan de transition reprenant les 10 priorités et les 30 facteurs de réussite d’une politique industrielle efficace à tous les niveaux – local, régional, fédéral et européen – afin de renforcer la compétitivité internationale, d’attirer les investissements, de stimuler l’innovation et de former davantage de talents.
Pierre Dorignaux, président essenscia wallonie: « Le secteur et l’ensemble de l’industrie sont confrontés à des défis particulièrement complexes qui nécessitent une transformation radicale et des investissements massifs. Mais notre ambition demeure inchangée : construire l’industrie chimique et pharmaceutique durable de demain en Belgique. Nous n’y parviendrons qu’en travaillant étroitement ensemble, gouvernement et industrie, dans un cadre politique cohérent qui soutienne au mieux les entreprises à développer de nouvelles innovations, à créer des emplois et à parvenir à une croissance durable. Avec ce plan de transition sectoriel, nous nous adressons aux décideurs politiques, en pointant l’urgence de ces transitions: le temps d’une politique industrielle est venu, car le temps presse.”
Le plan de transition d’essenscia est disponible ici.