essenscia soutient la transition énergétique mais demande un plan réaliste et chiffré
C’est une bonne initiative des gouvernements de prendre le temps d’étudier de manière quantitative les impacts financiers des propositions du Pacte énergétique afin de vérifier la cohérence de ce plan. Une transition énergétique réussie n’est possible que si les conditions de l’accord du gouvernement fédéral sont remplies : un approvisionnement énergétique sûr, abordable et durable, et ce, tant pour les entreprises que pour les ménages. C’est pourquoi essenscia, la fédération des entreprises de la chimie et des sciences de la vie, plaide pour une sortie plus progressive du nucléaire et l’introduction d’une norme énergétique, en misant directement sur l’innovation dans les technologies énergétiques. Le Pacte énergétique pourra ainsi mettre en place un cadre stable pour préserver la compétitivité des industries en Belgique et atteindre les objectifs climatiques.
« Dans ce pacte énergétique, ce sont surtout les chiffres qui comptent », soulignent Yves Verschueren, administrateur délégué essenscia, et Frédéric Druck, administrateur délégué essenscia wallonie. « L’énergie est d’une importance vitale pour chacun d’entre nous. Il est donc utile de développer une vision à long terme, mais il est surtout nécessaire de fonder cette vision sur des mesures claires et quantifiées. D’abord les chiffres, ensuite les décisions. Vous ne pouvez faire des choix éclairés que lorsque tous les chiffres sont mis sur la table. Aussi bien les détails financiers, que les estimations en termes de sécurité d’approvisionnement et de climat. Nous aimerions donc répondre positivement à l’invitation à la coopération et au dialogue du Premier ministre Charles Michel. Nous comptons sur des mesures concrètes visant la compétitivité de l’industrie et une énergie abordable. Pour un secteur tel que celui de la chimie et des sciences de la vie, qui opère dans un contexte de concurrence internationale et leader mondial dans les méthodes de production efficaces en matière énergétique, les coûts de l’énergie sont d’une importance cruciale. »
Sécurité d’approvisionnement
La fermeture de toutes les centrales nucléaires en 2025 peut entrainer des pénuries ainsi qu’une hausse des prix de l’électricité. Par ailleurs, ceci va à l’encontre de l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre. essenscia plaide donc pour un scénario plus réaliste dans lequel au moins deux centrales nucléaires restent ouvertes après 2025 et les centrales à gaz existantes sont maintenues dans une réserve visant à garantir l’approvisionnement en électricité.
Compétitivité
Les entreprises de la chimie et du secteur pharmaceutique en Belgique paient en moyenne 10% à 40% de plus pour leur électricité que leurs concurrents dans les pays voisins : les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. Au vu de la proposition lancée dans le pacte d’ouvrir un nouveau mécanisme de subsides pour les centrales à gaz, en plus de ceux pour l’énergie renouvelable, la facture se verra à nouveau être augmentée pour les citoyens et les entreprises. Pour cette raison, l’introduction d’une norme énergétique, en analogie avec la norme salariale, est indispensable. Inscrit dans l’accord gouvernemental, ce principe doit aligner les coûts énergétiques pour l’industrie belge avec ceux des pays voisins. De cette manière, nous pouvons préserver la compétitivité des entreprises et leur donner les outils pour innover.
Durabilité
Aussi bien pour la production d’électricité que pour la chaleur, le Pacte énergétique se base sur un scénario optimiste visant 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Tenant compte des technologies actuellement disponibles, ce scénario semble être irréaliste. C’est pourquoi il est nécessaire de s’accorder sur une vision plus large dans laquelle d’autres technologies, nouvelles ou déjà existantes, pour la réduction des émissions de CO2 peuvent contribuer à la réalisation de cette ambition. Le secteur de la chimie et des sciences de la vie constitue un maillon indispensable dans la transition énergétique et doit pour cela disposer de suffisamment de marge pour innover dans par exemple des technologies basées sur l’hydrogène, le stockage d’énergie et la conversion du CO2 dans de nouveaux matériaux et matières premières.