Depuis les années 80, les eaux usées industrielles ne sont plus rejetées, mais transportées et traitées dans de grands incinérateurs. « Actuellement, la barre est à nouveau placée beaucoup plus haut en matière de durabilité », déclare Steven De Laet, CEO de la start-up InOpSys. « C’est la raison pour laquelle, en tant que spin-off de la KU Leuven, nous nous sommes engagés en 2014 dans la voie de l’innovation avec Plant-On-A-Truck, née au départ d’une idée de Janssen Pharmaceutica. »
Outre la start-up et la société pharmaceutique, Catalisti, le pôle d’innovation pour la chimie et les plastiques, le centre de recherche VITO et un grand nombre de sous-traitants ont pris part au projet. L’idée était de développer une mini-usine chimique pour le traitement des eaux usées industrielles. Un système si compact qu’il pourrait être monté sur un camion et aisément placé à côté d’un hall de production ou même dans un hall de production. « Avec notre Plant-On-A-Truck, le principe mis en œuvre est en fait opposé à celui d’une usine chimique », dit Steven De Laet. « Au lieu de créer des liaisons chimiques, on sépare à nouveau les substances les unes des autres. Nous faisons ainsi d’une pierre deux coups circulaires : nous purifions les eaux usées pour les réutiliser et récupérons des composants précieux comme les métaux et les solvants. Tout se fait sur place. En d’autres termes, plus de transport et d’incinération des eaux usées, et donc moins d’émissions de CO2. »
Modulaire et flexible
À la question de savoir en quoi cette approche diffère de l’épuration classique de l’eau, Steven De Laet répond : « Tous les Plants-On-A-Truck se composent de modules qui combinent une technologie déterminée avec une réaction chimique. Chaque module traite un composant spécifique des eaux usées. Afin de récupérer tous les éléments de valeur, il est important de combiner intelligemment les modules. Il ne s’agit donc jamais d’un copié-collé complet d’un environnement de production vers un autre, car chaque flux d’eaux usées est différent. Cependant, le cœur de notre technologie reste toujours le même. Nous pouvons établir une comparaison avec les cuisines intégrées. Elles se composent toutes de « modules » semblables : un four, un lave-vaisselle, un réfrigérateur, etc. Néanmoins, le choix des appareils et leur agencement rendent chaque cuisine unique. Il en va de même avec les modules de nos Plants-On-A-Truck. »
“Notre objectif est de remplacer ainsi à long terme cinq à dix incinérateurs en Europe. En moyenne, ces installations ont une capacité de 100.000 tonnes de flux liquides par an”
Steven De Laet, CEO de la start-up InOpSys
De très grandes ambitions
« Dans le cas de cette innovation, il est indispensable de concevoir les modules de la manière la plus compacte possible », ajoute Steven De Laet. « Si nous voulons limiter le transport et l’incinération des eaux usées industrielles, notre procédé doit être réalisable de A à Z chez le client. Notre objectif est de remplacer ainsi à long terme cinq à dix incinérateurs en Europe. En moyenne, ces installations ont une capacité de 100.000 tonnes de flux liquides par an. D’énormes volumes, donc ! »
Les perspectives sont en tout cas prometteuses. Steven De Laet : « À partir de 2020, InOpSys atteindra le seuil de rentabilité et nous allons doubler nos effectifs en deux ans de temps. Le nouvel incubateur chimique BlueChem à Anvers deviendra alors notre nouvelle base opérationnelle. C’est pourquoi nous visons une croissance du chiffre d’affaires de 25 à 30 % par an, ce qui est une ambition réaliste. Nous nous développons constamment et ce, pas uniquement au Benelux. Nous nous implantons également dans d’autres grandes régions pharmaceutiques et chimiques d’Europe occidentale, comme l’Irlande et la Suisse récemment. »
Circulaire et révolutionnaire
Il ne fait aucun doute qu’InOpSys connaît un succès commercial, même si l’innovation reste le moteur de la start-up. « La moitié de nos collaborateurs sont actifs dans le domaine de la R&D », explique Steven De Laet. « Notre ambition est de développer en permanence de nouvelles technologies en collaboration avec nos clients. Nous prévoyons, par exemple, de franchir d’ici deux ans des étapes concrètes dans le domaine de la récupération des composants perturbateurs endocriniens dans les flux d’eaux usées chimiques et pharmaceutiques. Mais ce n’est pas tout. Avec Plant-On-A-Truck, nous pouvons faire face à de très nombreux défis circulaires. Inutile de préciser que les entreprises chimiques et pharmaceutiques sont à l’écoute ! »