Le monde entier attend un vaccin efficace contre le Covid-19. Cette recherche mondiale d’un vaccin contre le coronavirus a incontestablement un cachet belge. De nombreux Belges et entreprises pharmaceutiques qui développent et produisent des vaccins et des médicaments dans notre pays depuis des années sont à la pointe de la recherche internationale. La Belgique jouera probablement aussi un rôle clé dans les essais cliniques et la fabrication finale d’un futur vaccin.
Dans le monde entier, les chercheurs travaillent frénétiquement au développement de plus de cent vaccins potentiels contre le coronavirus, dont certains en sont déjà au stade des essais précliniques. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) espère disposer d’un vaccin efficace dans le courant de l’année prochaine. Le développement doit se faire à une vitesse record, mais la production industrielle de milliards de doses constitue également un défi sans précédent. Tout cela en sachant que dans la plupart des cas, 9 vaccins sur 10 ne sont pas retenus.
La Belgique est le plus grand producteur de vaccins par habitant
Au niveau international, le secteur pharma et biotech belge joue un rôle crucial dans cette course vitale pour la santé publique pour trouver un vaccin 100% sûr et efficace. La raison en est évidente. Notre pays possède un très haut niveau d’expertise dans le développement et la production de vaccins, avec de nombreux centres de recherche importants et des sites de production de premier plan. Nulle part ailleurs dans le monde, on ne produit autant de vaccins par habitant que dans notre pays.
Dès le mois de janvier, Janssen Pharmaceutica, qui fait partie de l’entreprise américaine Johnson & Johnson (J&J), a commencé des recherches ciblées et a développé un candidat-vaccin contre le Covid-19. L’étude clinique sur l’homme se déroulera dès le mois de juillet, soit 2 mois plus tôt que prévu initialement. La société utilise une plateforme technologique qui a déjà fait ses preuves dans le développement et l’essai de vaccins contre, entre autres, l’Ebola, le Zika et le VIH.
Johnson & Johnson espère disposer d’un vaccin prêt à l’emploi au début de l’année 2021 et vise la production d’un milliard de doses dans le monde. Les Belges Paul Stoffels, Chief Scientific Officer de J&J, et Johan Van Hoof, responsable mondial des vaccins chez Janssen Pharmaceutica, jouent un rôle crucial dans cette course à l’innovation.

GSK et Sanofi, deux autres entreprises largement implantées en Belgique depuis des décennies, ont uni leurs forces pour combiner leur expertise technologique afin de développer et produire un vaccin contre le coronavirus. Deux des plus grandes sociétés de vaccins au monde collaborent ainsi pour disposer d’un vaccin testé et approuvé dans le courant de l’année 2021.
Sanofi utilise un antigène, un morceau de virus qui est inséré pour déclencher une réponse immunitaire, et la technologie de l’ADN. GlaxoSmithKline (GSK) ajoute un adjuvant pour renforcer la réponse immunitaire. Cette technique permet de réduire la quantité d’antigène actif par dose et, ainsi, produire plus de doses et donc protéger plus d’individus.
Le Brabant wallon possède le plus grand réseau industriel de vaccins au monde
La Belgique, et plus précisément le Brabant wallon, est le centre névralgique de la division mondiale des vaccins de GSK, avec plus de 9000 travailleurs répartis sur trois grands sites à Gembloux, Wavre et Rixensart, où une part importante de la recherche sur les vaccins contre le coronavirus est menée. Ensemble, ils forment le plus grand réseau industriel de vaccins au monde avec près de 2000 chercheurs et une production quotidienne de plus de 2 millions de doses de vaccins. Chez GSK, le responsable du développement des vaccins dans le monde entier, Emmanuel Hanon, est également un de nos compatriotes.
La Belgique est le cœur battant de la division mondiale des vaccins de GSK, avec plus de 9000 employés répartis sur trois sites en Brabant wallon.
Et si le futur vaccin contre le coronavirus était fabriqué en Belgique ?
La société pharmaceutique internationale Pfizer a sélectionné le site de Puurs comme l’un des possibles centres de production d’un vaccin potentiel contre le Covid-19. Elle le développe actuellement en collaboration avec la société allemande BioNTech. Leur programme de recherche conjoint comprend quatre vaccins candidats qui sont testés et évalués simultanément pour identifier le vaccin le plus sûr et le plus efficace. Près de 3000 personnes travaillent chez Pfizer à Puurs. Avec quelque 400 millions de vaccins par an, c’est l’une des plus grandes unités de production au monde.
Le site de production et d’emballage de Pfizer à Puurs
L’entreprise liégeoise Kaneka Eurogentec est également en bonne voie pour jouer un rôle majeur dans la production de vaccins contre le coronavirus. Grâce à une technologie brevetée, la société biopharmaceutique est leader mondial dans la production d’ADN plasmidien à grande échelle. Au début du mois de juin, une nouvelle unité de production sera inspectée et mise en service. Elle permettra de produire 1 million de doses de vaccins par lot. Il s’agit d’une première mondiale.
Si un vaccin à base d’ADN contre le SRAS-CoV-2 voit le jour, la production se fera très probablement à Liège. Depuis l’année dernière, Eurogentec a également commencé la production d’ARNm ou d’ARN messager. Entretemps, un contrat a déjà été conclu en vue de lancer dès le mois de juillet la première production d’un vaccin à ARNm pour des essais cliniques pour le compte d’une société pharmaceutique.
Le site belge de Novasep à Seneffe produira, pour l’Europe, la substance active du futur vaccin contre le coronavirus du groupe pharmaceutique AstraZeneca, actuellement développée par l’Université d’Oxford. Ce vaccin figure parmi les candidats vaccins dont le développement est déjà très avancé. Il pourrait être disponible dès le mois d’octobre. Leader européen dans la production de vecteurs viraux, l’entreprise Novasep avait inauguré une nouvelle unité de production sur son site de Seneffe en 2018.
Dans le parc scientifique de Niel à Anvers, la société biotech eTheRNA, une spin-off de la VUB, travaille depuis le mois de mars sur un vaccin contre le coronavirus avec un consortium international de partenaires nord-américains, européens et à terme peut-être également chinois. La jeune société, fondée en 2013, est spécialisée dans l’immunothérapie pour le traitement des cancers et des maladies infectieuses. Les cellules du système immunitaire sont activées pour détecter et attaquer les cellules malignes. Cette technologie prometteuse pourrait également être efficace pour combattre les virus.
Le partenariat belge de la Fondation Bill & Melinda Gates
La biotech wallonne Univercells, avec la Fondation Bill & Melinda Gates en tant qu’investisseur, a conclu un partenariat stratégique avec son homologue du secteur italien ReiThera et l’allemand LEUKOCARE. Au sein de ce consortium européen, ils visent à développer et produire conjointement et à grande échelle un vaccin contre le Covid-19 grâce à la dernière technologie de production de vaccins récemment développée par Univercells. Ils ambitionnent de démarrer les tests cliniques cet été et de lancer la production peu de temps après.
Novartis investit également avec la Fondation Bill & Melinda Gates pour soutenir le développement de l’accélérateur thérapeutique Covid-19. L’entreprise est en outre partenaire de l’Initiative des médicaments innovants (IMI). Ces deux collaborations intersectorielles réunissent des sociétés pharmaceutiques et des établissements universitaires dans des programmes de recherche pour accélérer la détection des molécules les plus prometteuses dans la lutte contre le Covid-19. Novartis est solidement ancrée en Belgique avec plus de 2000 employés à Vilvoorde, Bruxelles et le site de production d’Alcon à Puurs.
Recherche en laboratoire à la société biopharmaceutique UCB
La société biopharmaceutique belge UCB collabore, à son tour, avec certains centres de recherche les plus renommés au monde, tels que l’Université d’Oxford et le Seattle Structural Genomics Center for Infectious Disease. La cible ? Détailler les spécifications du virus SARS-CoV-2 afin d’accélérer le développement de vaccins et de traitements contre le Covid-19. De plus, UCB, en collaboration avec des hôpitaux et des centres de recherche, étudie si certaines thérapies existantes pourraient être efficaces pour le traitement de patients infectés.
Cette piste est également explorée par l’entreprise biotechnologique liégeoise Mithra, qui a remporté l’essenscia Innovation Award l’année dernière grâce Estelle, sa pilule contraceptive de nouvelle génération à base de l’hormone féminine naturelle estetrol (E4). Mithra lance aujourd’hui une étude pour évaluer les effets positifs potentiels de cet œstrogène naturel – qui est produit en grande quantité dans le foie du fœtus humain pendant la grossesse – dans le traitement contre le Covid-19. Lors de la précédente épidémie de SRAS, il a déjà été démontré que l’estetrol joue un rôle protecteur contre les coronavirus.
Les tests cliniques: un atout belge
Le Belge Jean Stéphenne, PDG de la filiale belge de GSK pendant plus de 20 ans, est aujourd’hui président de la société allemande CureVac, qui développe également un vaccin contre le coronavirus. Des tests cliniques pourraient commencer dès le mois de juin en Belgique. Notre pays était déjà le leader européen des tests cliniques, mais récemment une procédure d’urgence a permis l’approbation des tests cliniques dans le cadre du Covid-19 en à peine 2 à 3 jours, alors qu’auparavant ce processus pouvait prendre des semaines ou des mois.
Il ne s’agit ici que d’un bref aperçu. De nombreuses autres sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques collaborent en Belgique à la recherche d’un vaccin. Le secteur de la chimie apporte également sa pierre à l’édifice. L’entreprise chimique belge Solvay fournit, par exemple, divers ingrédients actifs pour le développement de tests et de vaccins contre le Covid-19.
Écosystème unique grâce à la collaboration
L’expertise belge dans le développement de vaccins et de médicaments repose également sur une bonne coopération entre l’industrie et le monde universitaire.
Il n’est donc pas surprenant que les experts belges jouent également un rôle de premier plan au niveau international. Le virologue Peter Piot, mondialement connu pour ses recherches sur Ebola et le SIDA, a été nommé conseiller spécial de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il soutiendra et coordonnera le développement et le déploiement d’un vaccin et des traitements contre le coronavirus. L’ancien CEO de GSK Vaccines Luc De Bruyne, est conseiller stratégique à la CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations), fondée en marge du Forum économique mondial de Davos en 2017. Cette organisation cofinance déjà neuf candidats vaccins contre le Covid-19 et investit également dans le développement de capacités de production supplémentaires.
Cet écosystème belge unique qui combine d’une part une recherche révolutionnaire avec une capacité de production industrielle de classe mondiale et, d’autre part établit des partenariats solides entre des sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques, des start-ups aux acteurs internationaux, des universités, des hôpitaux, des institutions gouvernementales et des centres de recherche, prouve une fois de plus sa grande valeur ajoutée sociale dans ce contexte de la crise du coronavirus.
L’investissement du gouvernement de 20 millions d’euros dans des infrastructures spécialisées et des laboratoires d’immunologie pour la recherche « human challenge » à l’Université d’Anvers (UA) et à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) est une excellente nouvelle. Cette technique joue un rôle clé dans l’accélération du développement et des essais de vaccins en exposant des sujets sains à une version affaiblie d’un agent pathogène particulier en respectant les normes de sécurité les plus strictes. Ce projet est unique en Europe et pourrait constituer un atout supplémentaire pour les activités de recherche des nombreuses entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques de notre pays.
« La Silicon Valley est en Californie. Mais la Vaccine Valley se situe indéniablement en Belgique »
Frédéric Druck, secrétaire général de la fédération biopharmaceutique bio.be/essenscia : « La Silicon Valley est en Californie. Mais la Vaccine Valley se situe indéniablement en Belgique. Aujourd’hui encore plus que jamais. Il est encourageant de voir comment des milliers d’employés de nombreuses entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques travaillent jour et nuit pour trouver un vaccin et apporter une réponse à cette crise mondiale. La décision du gouvernement fédéral d’investir dans un « pôle de vaccins » sur le territoire belge ne peut qu’être applaudie. C’est une infrastructure de pointe grâce à laquelle nous renforçons notre position de leader en Europe afin de pouvoir sélectionner rapidement et efficacement les vaccins les meilleurs et les plus sûrs pour faire face à des pandémies telles que le Covid-19 ».
Cet article est basé sur des communiqués de presse et des articles de presse des entreprises et organisations concernées.