Les roseaux que l’on trouve dans les points d’eau ne font pas qu’embellir le paysage. Ils sont en effet capables d’absorber certains polluants. L’entreprise ardennaise Aqua Nove mise depuis plusieurs années sur le potentiel de ces végétaux. De là est né le produit « Phytoraft », un prototype de radeau végétalisé destiné à dépolluer les eaux.
« Le radeau est formé d’une structure flottante en plastique recyclable, garantie 20 ans. Nous fixons les plantes sur la structure, les racines dans l’eau, et la végétation s’y développe de la même façon que si elle était enracinée sur les berges, avec l’avantage de faciliter la mobilité du dispositif et l’entretien des plantes », explique Marc Grosjean, fondateur et gérant d’Aqua Nove.
Ce sont ces racines qui éliminent les éléments toxiques présents dans l’eau. Elles abritent en effet une grande population de micro-organismes qui parvient à « fractionner » de grandes molécules polluantes en de plus petits éléments. On parle de « biotransformation » des polluants. Par la suite, les racines capturent et stockent ces petites molécules.
« Notre produit ne vise pas à remplacer les stations d’épuration, mais bien à agir en relais. »
Marc Grosjean, fondateur et gérant d’Aqua Nove
« Notre produit ne vise pas à remplacer les stations d’épuration, mais bien à agir en relais. Les stations peinent aujourd’hui à traiter la totalité des polluants des eaux, tels que l’azote, le phosphore, les métaux lourds, les hydrocarbures ou encore les substances médicamenteuses. L’idée est notamment de placer ces radeaux à la sortie des stations d’épuration afin d’améliorer les rendements », précise Marc Grosjean.
Côté résultat, l’entreprise constate une augmentation de l’indice biotique grâce au radeau. Un indice attribué à la qualité biologique de l’eau. Sur un maximum de 10, l’indice passe, selon Aqua Nove, de 2 à 8 après trois semaines de traitement. Une étude pilote permettra bientôt au laboratoire agréé CEBEDEAU, expert dans l’écologie microbienne des procédés de traitement de l’eau, de mesurer et d’attester ces performances.
Par rapport aux techniques de traitements industrielles, le procédé du Phyroraft est moins couteux. « Le produit est aujourd’hui en vente et diverses entreprises et organismes publics manifestent leur intérêt pour notre projet », indique encore Marc Grosjean.